LA HERNIE DISCALE
(sources : www.cdlb.org)
Synonyme : « protrusion du disque intervertébral »
Le Disque Intervertébral
En préambule, on ne confondra pas la maladie du disque intervertébral, maladie "mécanique" qui trouve son origine dans la logique du vieillissement ou à la suite de chocs répétés ou ponctuels et l'Hémivertebrae, ou le Spina-Bifida, maladies présentent à la naissance du chiot, (maladie génétique, concernant essentiellement les chiens chondrodystrophiques).
Définition : La hernie discale se caractérise par la protrusion du noyau pulpeux constituant le disque intervertébral dans le canal rachidien. Elle est responsable d’une compression de la moelle épinière engendrant des troubles moteurs (parésie, paralysie), sensitifs et sphinctériens.
HANSEN distingue deux types de hernie : - Type I : métaplasie chondroïde du noyau pulpeux se produisant prématurément chez les races chondrodystrophiques. - Type II : métaplasie fibroïde apparaissant normalement avec le vieillissement chez les autres races. La hernie discale est un motif de consultation très fréquent.
Les OS du Squelette :
Il existe plusieurs types d'os différents. Les os longs, (humérus, fémur, métacarpiens), os qui possède en son axe une cavité médullaire qui contient la moelle osseuse, les os allongés, (les côtes), os sans cavité médullaire, les os courts, (os du carpe), les os plats, (os du crâne, scapula), et les os irréguliers, os de formes et de dimensions variables, (les vertèbres). Certains os sont dits compacts, d'aspect lisse, sans porosités et d'autres sont dits spongieux, d'aspect alvéolaire ou poreux.
La colonne vertébrale est composée de plusieurs os de forme particulière, nommés vertèbres. L'ensemble de ces vertèbres, les unes derrière les autres, forme ce que l'on appelle la colonne vertébrale. Chez l'ensemble des chiens, il existe 7 vertèbres cervicales, 13 vertèbres thoraciques, 7 vertèbres lombaires et 3 vertèbres sacrées soudées. Vient ensuite les vertèbres caudales, de la queue, dont le nombre varie selon la race du chien considérée, du Bouledogue français, 1 à 4, à d'autres chiens qui peuvent en avoir jusqu'à 22. L'étude de cette spécialité s'appelle l'ostéologie, étude des os. Chaque vertèbre possède un trou en son centre, qui forme une sorte de canal, pour le passage de la moelle épinière. La moelle épinière permet le transport des informations depuis le cerveau vers tout l'ensemble du corps. Les cellules de la moelle épinière ne se régénèrent pas. La vertèbre joue donc en quelque sorte, le rôle d'armure de protection de cette moelle épinière extrêmement fragile. Entre chacune des vertèbres, il existe un disque dit intervertébral cartilagineux, qui va jouer le rôle d'amortisseur et faciliter le mouvement et la flexion de la colonne.
Deux grandes différences entre l'Homme et le chien, ( le chat également ). La moelle épinière s'arrête au milieu du dos chez l'Homme, alors que chez le chien, les terminaisons nerveuse sont présentes jusqu'au bout de la queue. La position dans le sens vertical pour l'Homme et horizontal pour le chien, ce qui augmente le risque d'atteinte en milieu du dos ou au niveau du cou, et joue directement sur l'intégrité de la moelle épinière. On admet en général que 85% de cette maladie concerne les vertèbres lombaires et 15% les cervicales.
Le disque Intervertébral :
Le disque intervertébral est composé de deux parties. Une partie externe ou annulus fibrosis et une partie interne gélatineuse, le nucleus pulposus. Le nucleus pulposus contient environ 8 0% d'eau et est l'élément essentiel d'absorption des chocs. Le temps passant, le disque intervertébral va dégénérer. La dégénérescence de la partie centrale, le nucleus pulposus, est accentuée par des activités aussi anodines et simples que sauter, tomber et rouler en jouant, monter des escaliers. La partie centrale gélatineuse commence à durcir, et devient un cartilage résistant. Dans cette situation, le rôle d'amortisseur et de souplesse disparaît.
Qui est concerné par cette pathologie :
Cette pathologie touche toutes les races, mais certaines races, notamment les races chondrodystrophiques, ( qui ont également d'autres types de problèmes, Hémivertebrae, spina bifida ), sont généralement plus concernées par cette maladie. On citera plus touchées que les autres, les Teckels, Bassets Hounds, Spaniels, Pékinois, Chihuahuas, Beagles, Lhasa Apso et Bouledogues Français. La calcification du nucleus pulposus intervient généralement vers 8-9 ans chez les chiens, alors que cela commence très tôt chez les races citées plus haut, vers 2-3 ans, parfois au cours de la première année de vie. Une vie très sportive, l'obésité ou la malnutrition, sont des éléments aggravants la dégénérescence des disques intervertébraux, quelle que soit la race concernée.
La rupture du disque, signes cliniques et gravité de la pathologie :
La protrusion du disque peut revêtir plusieurs formes, suite à un traumatisme, (choc violent) ou conséquemment à l'âge. La partie externe, annulus fibrosis est bombé ou la partie centrale, (nucleus calcifié), s'échappe, parfois, le disque entier se déplace. Cela vient compresser la moelle épinière, créant une forte douleur et parfois la paralysie. La compression de la moelle épinière est parfois accompagnée, de saignement des vaisseaux sanguins des tissus entourant la moelle épinière. La moelle épinière touchée, les informations ne passent plus. Plus le problème est violent et ancien, plus la pathologie sera réservée. Il est donc urgent de ne jamais attendre, pour faire un examen physique et neurologique, en cas de symptômes. Les symptômes dépendent de l'endroit où la colonne vertébrale est touchée :
Au niveau du cou, le sujet garde la tête vers le bas sans pouvoir la lever, n'arrive pas à la bouger de gauche à droite et inversement. Les muscles du cou sont hypertendus, ainsi que les épaules. Le dos est arrondi, formant un arc. Le sujet peine ou renâcle à marcher ou à jouer, et reste couché la plupart du temps. Le sujet ne se plaint généralement pas, sauf lors de manipulation.
Au milieu du dos, la pathologie peut évoluer très rapidement, quelques heures, voire quelques minutes. Souvent, le sujet commence par refuser de marcher, de sauter, de jouer. Son dos forme un arc et le mouvement des pattes arrières devient incohérent, tandis que les pattes avants fonctionnent normalement. Cela évolue souvent vers une paralysie, avec une incontinence urinaire et fécale.
Au niveau de la région lombo-sacrée, seule la douleur peut être présente. Le sujet peut présenter aussi, des problèmes cliniques de fonctionnement des pattes arrières, des problèmes de maîtrise de sa vessie, (incontinence), des difficultés à déféquer, (perte de contrôle des nerfs). Le sujet peut aussi avoir des difficultés à se lever et à rester debout.
Lors d'atteintes "multisites", c'est à dire à plusieurs endroits et de façon évolutive, le diagnostique est plus que réservé. On retrouve l'ensemble des effets précités, mais aussi une paralysie possible du système respiratoire pouvant entraîner la mort. Une intervention chirurgicale est essentielle rapidement.
Après guérison, si le problème réapparaît, il est généralement plus grave.
Le Diagnostic :
L'examen neurologique : Cet examen ne nécessite pas d'anesthésie. Il s'agit de tester les réflexes et les sensations du sujet.
Les radios :
Elles requièrent une anesthésie générale, afin de prévenir tout mouvement pendant la prise. La radiographie par rayon X peut révéler des disques dégénérés ou calcifiés, sans que cela confirme une rupture de disque existante. Pour confirmer le diagnostic, il faut pratiquer une myélographie. La myélographie, est une radio avec injection de produit de contraste autour de la moelle épinière, afin de définir le site exact de la lésion à traiter. Cela permet aussi de qualifier que le problème n'est pas dû à une infection, à un caillot ou à une tumeur cancéreuse, quoiqu'il demeure impossible de le certifier à 100%, l'opération étant le seul moyen, incontestable de diagnostic pour ce type de pathologie. Il arrive que ce type de technique provoque des complications. Ce type d'examen est indispensable pour un traitement chirurgical.
Il existe aussi la Tomographie, ( scanner ) avec injection intraveineuse de produit de contraste ou l'IRM, Image par Résonance Magnétique. Il y a peu de complications à la suite de ce genre d'examen.
L'évolution :
On ne peut garantir le rétablissement complet du sujet, ni le temps nécessaire pour cela.
Le Traitement :
Le premier type de traitement, consiste à immobiliser l'animal dans un espace réduit, afin d'interdire les mouvements. Ce traitement dit conservatoire, est complété par un traitement médicamenteux anti-inflammatoire, à base de corticostéroïdes. Les sujets qui souffrent, uniquement, de douleurs sans paralysie et/ou d'atteintes neurologiques, sont concernés par ce type de traitement. Il faut prendre garde lors de ce traitement de ne pas se faire abuser par le soudain bien être du sujet, qui soulagé de sa douleur aura tendance à vouloir bouger et jouer, alors que le problème n'est pas complètement réglé. Sous corticostéroïdes, le sujet aura tendance à boire abondamment.
La deuxième possibilité, est chirurgicale. Il s'agit de retirer le corps du disque intervertébral qui est en compression contre la moelle épinière, à l'intérieur du canal médullaire. Cette solution est envisagée chez les sujets qui ont une douleur persistante ou dans le cadre d'une situation qui s'aggrave, des difficultés pour marcher, se tenir debout ou chez qui le traitement médicamenteux n'a pas été suffisant et efficace. Dans cette optique, l'opération doit être réalisée le plus tôt possible, pour limiter les lésions. Le chirurgien pratique une ouverture et vient procéder à l'ablation du disque qui est en compression. Près du cou, cette ouverture se nomme une fenestration, alors que dans la zone sacro-lombaire, il s'agit d'une laminectomie (ou hémilaminectomie). Comme l'on intervient très près de la moelle épinière, il arrive que la situation paraisse pire après l'opération. Cela s'améliore au bout de deux ou trois semaines.
Les risques liés à l'intervention chirurgicale existent, comme pour les Hommes. Ces risques sont liés à l'anesthésie et aux infections post-opératoires, par exemple. La chirurgie est humaine.
Le traitement chirurgical donne généralement de meilleurs résultats que le simple confinement, surtout en cas de paralysie partielle ou totale.
Les soins post-chirurgicaux :
Une grande partie du succès de l'opération réside dans l'attention que l'on porte à la période post-opératoire et aux soins prodigués. Il est important de maintenir le sujet dans un environnement réduit, pendant environ deux semaines. Il convient d'aider le sujet à faire ses besoins sans souiller son panier ou coussin, (par pression sur la vessie ou par la mise en place d'une sonde si nécessaire), afin d'éviter de possibles blessures et infections de la peau. La guérison peut prendre de quelques semaines à plusieurs mois. En règle générale, un chien peu atteint pourra marcher de nouveau au bout de deux à trois semaines, les plus touchés devant attendre parfois plusieurs semaines. On peut adjoindre au traitement post-opératoire, si le sujet le supporte, des soins et activités tel que nager, massage léger pour favoriser la circulation du sang, mouvement de la queue.
Si le sujet reste paralysé des membres arrières, il est possible de l'appareiller avec une sorte de petit chariot à roulettes. Le sujet se déplace à l'aide de ses pattes avants.
Plus vite la pathologie est révélée et traitée, meilleur le résultat de guérison sera et malheureusement, si l'on a attendu trop longtemps pour intervenir, il demeurera des lésions permanentes, dans 99% des cas.
Comment prévenir ce type de pathologie ou les rechutes :
Il faut lutter contre l'obésité de votre animal, le laisser se dresser sur ses pattes en sautillant, (pour réclamer par exemple), sauter, (d'un canapé ou d'un lit par exemple), monter et descendre des escaliers, avoir des jeux violents. Il faut par contre offrir la possibilité à votre animal, d'avoir de bonnes promenades quotidiennes et en règle générale de l'exercice, mais calme.
Etude clinique :
- Expression clinique : Le plus souvent, les animaux sont âgés de 4 à 6 ans et les sites privilégiés de hernie discale sont C2-C3 et T12-T13. Les hernies cervicales sont souvent extrêmement douloureuses du fait de l’irritation des méninges et/ou des racines nerveuses. Les douleurs radiculaires peuvent provoquer une boiterie par irradiation vers les membres antérieurs. Les hernies dorsolombaires provoquent une voussure du dos, une douleur à la palpation du dos et du rein, une ataxie et une parésie voire une paralysie du train arrière. Une rétention et une incontinence fécale et urinaire sont fréquentes. Les symptômes dépendent de la localisation des lésions et de leur degré d’évolution. Ils conditionnent le pronostic et le traitement.
Classement des hernies discales : - Degré I : douleur, proprioception conservée - Degré II : perte de proprioception - Degré III : paralysie - Degré IV : perte de sensibilité douloureuse profonde
- Diagnostic : Le diagnostic se fonde sur l’examen neurologique et se confirme par radiographie et myélographie. Les clichés radiographiques doivent être centrés sur les espaces intervertébraux suspects. Les signes radiographiques sont : un rétrécissement de l’espace intervertébral, une absence de parallélisme des plateaux intervertébraux, la présence d’éléments radio-opaques plus ou moins homogènes dans le canal rachidien (disque calcifié), un rétrécissement du trou de conjugaison en regard de l’espace concerné et une diminution de l’espace articulaire dorsal. La myélographie est indispensable lorsqu’il y a une discordance entre l’examen clinique et l’examen radiographique et lorsque les clichés sans préparation sont insuffisants pour aboutir au diagnostic précis du lieu de la hernie discale. Elle permet de visualiser la diminution de la taille de l’espace sous arachnoïdien en regard du disque intervertébral (Type II) ou d’observer une oblitération de l’espace sous arachnoïdien s ur une plus ou moins grande longueur, une diminution de la taille de la moelle épinière ou une déviation de la moelle (type I).
- Pronostic : Il dépend du degré de gravité et d’extension des lésions que l’on peut apprécier par le bilan neurologique. Pour les chiens classés en degré I et II, le pronostic peut être considéré comme bon. Il est réservé pour les animaux de degré III et il devient mauvais pour les animaux de degré IV car l’évolution favorable est conditionnée par la rapidité de l’intervention chirurgicale qui doit avoir lieu dans les 24 heures suivant la lésion.
Diagnostic différentiel : Tumeur de la moelle épinière ou extramédullaire, spondylodiscite, traumatisme (fracture, luxation), instabilité vertébrale, exostoses cartilagineuses, affections du corps vertébral.
Prophylaxie : Il est conseillé de ne pas mettre à la reproduction les animaux atteints, même si la sélection est difficile à faire compte tenu du caractère tardif de cette pathologie.
Remerciements : au Docteur Laure-Hélène BOYER, diplômée de l'E.N.V Alfort, pour sa relecture critique et professionnelle du sujet.
Bibliographies - références :
Travaux de Michael Wolf, DVM, diplomate ACVIM, (neurology), Specialist in neurology and Neurosurgery, Oakland Veterinary Referral Services, US.
Travaux et publications, (en anglais), de Michael SHAFF, Diplômé de l'Université de Pennsylvanie, membre de l'Académie vétérinaire de Médecine vétérinaire de Floride Sud, VMD, The Animal Clinic of Woodmont. US.
Braund, KYLE G, Intervertebral Disc Desease, In Bajrab : Disease Mechanisms in small Animal Surgery - Lea & Febiger, edition.
Aiken SW, Treatment of the acute back dog. Proceedings, North American Veterinary Conference, Orlando FL - 2001.
Bauer MS, Intervertebral disk disease, The five minute veterinary consult, Tilley LP and Smith FWK, Williams & Wilkins, Philadelphia
Thèses de karen Charley Bourg en Bresse (Ain)
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