Comportement de votre chiot basset-hound
Le développement comportemental du chiot

L imprégnation
Durant les 12 premières semaines de sa vie, le chiot va vivre la phase imprégnation aussi appelée phase
de double empreinte. C est à l issue de cette période (fin du 3ème mois voire 4ème mois pour certaines
races géantes) que le chiot sera apte ou non à vivre sereinement dans la société humaine, s il a été correctement socialisé.
L imprégnation est découpée en deux périodes, intra spécifique et inter spécifique, qui se chevauchent :
1- l empreinte intra spécifique (approximativement les 5 premières semaines de vie) : le chien s imprègne
de ses congénères, il apprend les codes comportementaux spécifiques à sa propre espèce.
En effet, à la naissance, le chiot n a pas une compréhension innée des codes sociaux de son espèce.
Il ne sait pas spontanément à quelle espèce il appartient, il doit s y familiariser, apprendre à se comporter
en tant que chien, avec des usages précis en matière de communication et de comportements propres
aux canidés.
C est d abord sa mère qui lui inculque l essentiel par mimétisme (il l observe et reproduit ses comportements). On comprend alors à quel point il est important que la mère soit d un tempérament stable
et équilibré. Si elle est défaillante, absente, inexpérimentée, maladroite ou incompétente, on pourra mettre
la portée en contact étroit avec une autre chienne, en veillant bien à ce qu elle soit une « bonne éducatrice ».
Ensuite les échanges avec les autres chiens seront eux aussi déterminants, ils fixeront les tendances liées
à la race. Là encore, il est utile de faire rencontrer des individus de différentes races ou différents types morphologiques, afin que les chiots n aient pas de peur au contact d autres chiens.1
Les naisseurs (éleveurs professionnels, simples amateurs ou particuliers ignorant ce fait) qui retirent la mère sous prétexte de protéger leur « produit » (malheureusement c est ainsi que nombre d entre eux nomment
les chiots qu ils ont contribué à faire naître) font une erreur extrêmement préjudiciable pour leur devenir.
2/ l empreinte inter spécifique (ou extra spécifique) aussi appelée phase d empreinte à l homme : le chien apprend qu il existe d autres espèces que la sienne (humaine, féline et autres), découvre des sons, des objets, des personnes, des lieux, tout un environnement qui ne lui pas instinctivement familier. Cette phase débute vers l âge de trois à quatre semaines, à la fin de la période de transition (voire chapitre suivant).
Il va se familiariser aux chats, aux rongeurs, aux vaches et moutons, aux humains et à toutes les espèces
qui lui seront présentées idéalement avec tact et douceur, sans le forcer ou lui imposer un contact étroit
s il est mal à l aise.
Si cette familiarisation à certaines situations ou espèces n est pas effectuée durant la période sensible,
de 3 à 7 semaines, les nouvelles espèces ne seront pas tolérées ou difficilement acceptées (dans le meilleur des cas, le chien montrera une curiosité sinon de la peur, de l évitement, voire la prédation ou l agressivité).
1 Une expérience triste à ce niveau : un jour où je cherchais un chiot particulier, j ai visité un élevage
qui proposait une dizaine de races différentes. J étais à priori enthousiaste, certaine que les petits seraient familiarisés à la différence. Malheureusement, en discutant avec l éleveuse, j appris qu elle ne les mettait surtout pas en contact, que c était « chacun chez soi et les vaches seront bien gardées ». Quel dommage ! Tous les chiots sont privés d un enrichissement mutuel exceptionnel
C est durant cette période d imprégnation que le chiot va acquérir les connaissances lui permettant d avoir des comportements normaux face à toutes les situations de sa future vie sociale (rencontres avec les humains, les chiens et d autres animaux) : contrôle de sa mâchoire, communication, organisation en systèmes plus ou moins hiérarchisés, intégration dans un groupe de canidés, jeux, attachement/détachement (comment devenir autonome), inhibition de la morsure, soumission, etc.
La bonne socialisation du chiot est déterminante pour une vie en harmonie avec l Homme.
Les étapes du développement
Avant la naissance : la période prénatale.
La gestation dure environ 9 semaines. Pendant les 10 à 15 derniers jours de la gestation, le foetus possède déjà des compétences tactiles, émotionnelles, motrices et sensitives. Il réagit à la caresse du ventre de sa mère et aux stress que celle-ci subit, il est donc essentiel que la gestation de la mère se passe dans les meilleures conditions d attention, de calme et de sérénité. L éleveur doit s assurer que la chienne n est pas dérangée ou soumise à des violences émotionnelles.
Citons une expérience de Pageat (1998), qui, bien que peu respectueuse justement des émotions animales,
a permis de vérifier scientifiquement ces suppositions.
Quatre chiennes gestantes sont soumises à une détonation, un appareil échographe scrute les réactions
des foetus.
? les foetus présentent des réactions proportionnelles en durée à l intensité de la réaction de la mère.
L éleveur doit s assurer que la chienne n est pas dérangée ou soumise à des violences émotionnelles durant
la gestation, sous peine de faire naître des petits instables ou traumatisés à plus ou moins grande échelle,
ce qui a des conséquences sur les performances futures des chiots ou leur capacité à s adapter sereinement aux variations de leur environnement2.
De la naissance à 15 jours : la période néonatale.
La maturation du système nerveux n est pas terminée à la naissance des petits (le développement cérébral
s achève à 8 semaines).
Les fibres nerveuses vont progressivement s entourer d une gaine lipidique, la myéline, qui facilite le passage d influx nerveux. La myélinisation des cellules nerveuses et des neurones permet la circulation de
l information jusqu au cerveau et du cerveau aux membres.
Le chiot est sourd, aveugle et incapable de se mouvoir, il passe le plus clair de son temps à dormir (90 % de son temps). Il est totalement dépendant de sa mère qui le nourrit, le protège, le nettoie par léchage en stimulant l élimination et ingérant ses excrétions.
2 E. Rosset « la prévention des troubles du comportement chez le chiot à l élevage », thèse 2006
Le sens gustatif est bien développé, on note une réaction de léchage, succion et déglutition si on présente
une substance sucrée ou des mimiques de dégoùt si l on propose une substance amère.
Son audition est nulle mais le chiot émet tout de même des sons pour communiquer avec sa mère. Giffroy (1988), Paris (1996) et Bedossa (2003) ont répertorié : grognement-soupir (exprime la satiété après tétée), geignement (exprime la plupart du temps la faim ou la soif) qui évolue progressivement vers le glapissement (détresse, peur ou douleur) qui lui-même devient progressivement aboiement (vers 6 semaines).
Quant au grondement, il apparaît vers la 3ème semaine.
Plusieurs réflexes permettent de se repérer dans le développement du chiot et indiquent le bon déroulement du développement neurologique3 :
Le réflexe de frisson thermique (capacité à réguler sa température) n existe pas dans les premiers jours,
ce qui explique que pour se tenir chaud, les chiots dorment en amas la première semaine, puis en parallèle lorsqu ils commencent à bouger les pattes antérieures (acquisition du réflexe de soutien qui assure peu à peu la coordination motrice).
Le réflexe de fouissement lui permet de trouver la mamelle pour téter (il cherche à enfouir sa tête dans
des endroits bien chauds). Son pendant, le réflexe de pétrissement lui permet de faire venir le lait lorsqu il imprime des mouvements autour de la mamelle à l aide de ses pattes.
Le réflexe labial : il essaie de téter tout ce qui s approche de ses lèvres.
Le réflexe périnéal : il fait ses besoins quand sa mère lui lèche le ventre et le périnée. Si la maman est défaillante, l éleveur devra se charger de masser cette zone toutes les 3 à 4 heures pour permettre une élimination correcte.
Les spécialistes conseillent de prévoir dès la naissance des petits, une pièce d éveil avec des sons variés,
des jouets de différentes textures, des tissus, des morceaux de bois, et tout autre objet, pour les familiariser aux objets et aux matériaux nouveaux et favoriser leur stimulation sensorielle.
De 2 à 3 semaines : période de transition
C est la phase de développement des sens, le chiot ouvre les yeux (13ème ou 14ème jour) et entend
(entre le 14 et le 21ème jour), ce qui lui permet de se repérer dans son environnement, et bientôt,
il sursaute au bruit (réflexe de sursautement au 21ème jour).
Ses aptitudes motrices progressent peu à peu, il arrive à se déplacer autrement qu en rampant,
même s il n est pas encore très assuré. Il est capable de se tenir debout au 21ème jour.
Le chiot dort un peu moins (65 à 70 % de son temps), il commence à explorer et à jouer avec ses frères
et soeurs. Attention la présence de sa mère est encore indispensable au bon équilibre comportemental
et développemental, il ne faut surtout pas séparer la fratrie de leur maman.
3 Fox 1966, Giffoy 1985, Beaver 1982, Vastrade 1986
La main de l homme n est ni effrayante ni menaçante.
C est à partir de ce moment-là que commence la période de socialisation.
A partir de 3 semaines et jusque vers 12 semaines : période de socialisation
L apprentissage de groupe commence, c est la socialisation primaire.
Le chiot est capable de se tenir debout, de courir, franchir des obstacles, tomber et se relever instantanément.
Il se déplace vers la lumière et tourne la tête en direction du bruit.
Il passe plus de la moitié de son temps à dormir à trois semaines mais, à l âge de 5 semaines il est plus souvent réveillé qu endormi et à 8 semaines, il dort pratiquement comme un adulte.
Il n a plus besoin d un contact physique permanent avec les autres chiots, il est capable d une certaine régulation thermique (les chiots dorment en général parallèles les uns aux autres à 3 semaines, puis se séparent pour dormir par groupe de deux ou trois, puis tous seuls).
Vers la 4ème semaine, les chiots commencent à manifester un comportement alimentaire d adulte, tout en continuant à téter leur mère. On peut donc leur proposer dès la 4ème semaine une nourriture semi solide.
L attachement à la mère (ou un adulte de remplacement si celle-ci est absente) est indispensable : la capacité à explorer son environnement et donc à additionner une quantité de données nouvelles dans son répertoire comportemental, est directement liée à cette base sécurisante représentée par son être d attachement.
Si le chiot n a pas de repère vers lequel se diriger pour se rassurer en cas d incertitude ou de crainte,
il risque de s inhiber et d être incapable d explorer et découvrir son environnement dans de bonnes conditions.
4
De même une mère anxieuse et phobique ou peureuse et agressive n offre pas d attachement optimal :
elle risque de transmettre ses craintes à ses petits (Pageat 1998).
Cette notion est très importante pour vous qui avez peut-être envie d avoir des petits de votre chienne :
si elle a des traits de caractères handicapants pour l éducation des petits qui ne feraient pas d elle une bonne maman, ou si elle a des défauts qu elle pourrait leur apprendre, mieux vaut écarter l idée de la voir transmettre ses tares comportementales et donc la faire reproduire.
Malheureusement il y a des éleveurs peu scrupuleux qui feront reproduire des individus ayant des troubles
du comportement (peur, agressivité, malpropreté, mauvaise inhibition de la morsure, crainte de l humain…). Ils ne se soucient pas de ce que deviendront les chiots plus tard, ils ne voient que l appât du gain immédiat.
Il est pourtant avéré qu une maman instable transmettra ses travers à ses petits.
4 Harlow (1962) procède à une expérience fort intéressante avec un singe : si on fait entrer un ours mécanique dans la pièce où se trouve un jeune singe, il se réfugie auprès de sa mère pour se sécuriser,
puis la quitte peu à peu pour découvrir l objet et jouer avec. Si aucun repère ne se trouve à proximité
(sa mère ou une peluche connue) sont retirées de la pièce, il se terre dans un coin avec terreur et
ne s approchera pas de l objet. Des expériences similaires ont été pratiquées avec des bébés humains :
malgré tous les soins primaires qui leur sont donnés, s il n y a aucun être d attachement auprès d eux
durant leurs premières semaines de vie, ils se laissent mourir.
L absence d attachement ou un attachement de mauvaise qualité va empêcher (ou amoindrir) l acquisition des rituels sociaux de l espèce (inaptitude à comprendre et à se faire comprendre des congénères) puisque
la période critique5 est à présent terminée.
Celui qui n a jamais exercé ses compétences relationnelles ne peut plus les développer, il devient incapable
de s intégrer à un groupe de chiens et d évoluer sereinement socialement.
C est durant cette période d imprégnation (appelée aussi empreinte) et par l attachement à sa mère ou
un autre chien adulte, que le chiot va s identifier à l espèce canine, reconnaître ses semblables, ses partenaires sociaux et sexuels.
Il apprend les codes de communication puisque c est là que commencent les échanges entre chiots, les jeux, les simulacres de combats avec luttes, les prises en gueule, et les rituels d apaisement. Chaque individu apprend par mimétisme les différentes postures corporelles et les reproduit sans forcément connaître la signification des séquences qu il observe chez l adulte. Il teste donc l appel au jeu, les attitudes de soumission ou de dominance ou de comportement sexuel (mouvements du bassin, montes et étreintes).6
Il apprend à se contrôler, à communiquer, à gérer ses émotions lors des variations de milieu (Pageat 1998).
C est le moment des apprentissages essentiels : acquisition des autocontrôles comme l inhibition de la morsure (les cris du mordu font lâcher le mordeur), la hiérarchie, les jeux.
Le chiot expérimente aussi l apprentissage par imitation. BEATA (1998) a ainsi constaté que des chiots issus d une mère dominante ont une plus forte probabilité de devenir dominants à leur tour. Non pas par hérédité mais par apprentissage et imitation.
Si les chiots sont séparés de leur fratrie à cette période critique, on risque un mauvais contrôle de l inhibition de la morsure, un apprentissage incomplet des règles sociales et un mauvais attachement.
De plus, un chiot qui n a pas eu la possibilité de s attacher dans la période critique peut développer un attachement excessif envers son maître et devenir incapable de rester seul.
Le chiot va aussi faire progressivement l apprentissage de la hiérarchie par appréciation de la gestion de
l espace et de la disponibilité de la nourriture : il constate qu il ne peut manger que lorsque tel individu
a terminé, ou qu il n a pas le droit de prendre la friandise d un individu qui lui est supérieur, etc...
Vers le 30ème jour, la mère commence à se détacher des petits, elle réduit ses temps de présence
et les temps de tétée.
Ne croyez surtout pas, si vous constatez que la mère s éloigne de ses petits, qu il y a un problème :
elle est en train de les préparer à devenir indépendants, c est tout à fait normal !
5 Période critique = période sensible et limitée dans le temps au-delà de laquelle l empreinte qui n a pas été effectuée devient impossible
6 Shepherd 2002
5ème semaine :
A partir de 5 semaines, la période d attraction7 diminue, même si elle ne s éteint
jamais. Le chiot est moins curieux des nouveautés, mais il les reçoit encore tout de
même avec intérêt. Il va enregistrer dans sa mémoire des références de milieu de vie,
d environnement, de réponses adaptatives à différentes situations.
Il gardera les relations sociales acquises mais n essaiera pas d en développer d autres.
La phase d aversion débute dès cinq semaines, le chiot fuit les personnes inconnues et
il a tendance à craindre les nouveautés. Les nouvelles espèces découvertes peuvent être
considérées comme ennemies.
Dans le même temps, à partir de la 5ème semaine, le chiot découvre qu il peut avoir une
influence sur son environnement, par exemple en poussant un objet du museau ou l un
de ses frères et soeurs pour accéder à la meilleure mamelle.
L éleveur doit absolument multiplier les contacts et les expériences durant cette période.
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
âge (en semaines)
attraction
(comportement
d exploration,
curiosité pour
l inconnu)
aversion (peur,
réticence, crainte
de la nouveauté)
6ème semaine :
Cette semaine est elle aussi très importante, c est celle du commencement des relations avec les autres,
l attachement social aux être humains et aux espèces différentes. Si l éleveur est un homme, célibataire,
sans enfant, les chiots n auront donc probablement jamais connu de femmes ou de jeunes humains.
Ils peuvent donc les craindre dans le futur, parce qu ils n auront pas été habitués à eux.
7ème semaine :
C est le meilleur âge pour la séparation si c est un chien d élevage, donc soumis à certaines stimulations et pas à d autres. Il est capable, à cet âge, de s adapter à de nouvelles conditions de vie. Cependant, si le chiot n a pas été stimulé correctement les premières semaines, il aura quand même des difficultés à s adapter à son nouvel environnement, qu on pourra combler avec patience et persévérance.
7 Vastrade 1987
Il y a risque de syndrome de privation ou d isolement si le chiot reste après la 7ème semaine dans un élevage pauvre en stimulations du type « animaux de rente ».
8ème semaine :
C est l âge légal de vente des chiots. C est une période extrêmement sensible qui débute, celle de la peur,
de l identification et de l aversion et va s étendre jusque vers la 12ème semaine (16 selon les auteurs).
Même s il découvre le comportement de peur, c est dans la 8ème et la 9ème semaine que le chiot
est le plus curieux. C est donc la meilleure période pour lui faire faire des expériences diverses (découvrir
la ville, le bruit, les espèces inconnues etc.) afin qu elles lui soient familières et ne génèrent pas de peur
lorsqu elles se reproduiront.
On comprend au vu de ces informations que l absence de socialisation entraîne un comportement social inadapté de l adulte.
J.L. Fuller (1967) déclare même que si un chiot est isolé pendant la période de l imprégnation, il ne pourra plus s attacher, ni aux autres chiens, ni aux humains.
S il vit jusqu à la 14ème semaine avec des congénères sans voir d humains, il aura un comportement normal avec les chiens mais jamais avec l homme, quoiqu on fasse pour tenter une socialisation tardive. Cet animal pourra être apprivoisé et tolèrera peut être la nourriture et des contacts affectifs occasionnels avec l humain (parties de jeux, caresses…), mais ne sera probablement jamais un animal domestique.
Scott en 1980, constate que si entre la 3ème et la 12ème semaine, un chiot vit avec des humains sans voir
d autres chiens, il sera très à l aise au milieu des humains, auquel il s identifiera, mais ne supportera pas
le contact avec des congénères.
Les expériences de Scott et Fuller démontrent que des chiots de 5 semaines, mis pour la première fois
en contact avec des humains, les approchent avec confiance.
Si le premier contact est à 7 semaines, ils hésitent à s approcher.
Si le premier contact est à 9 semaines, ils n approchent pas les humains.
Enfin, si la première rencontre a lieu à 14 semaines, le contact est devenu impossible, le comportement
étant celui d un animal sauvage.8
Conclusion :
o si la femelle a été très stressée durant sa grossesse, il y a de fortes chances que les chiots soient peureux dans leur futur vie d adulte, ou qu ils aient d autres séquelles (anxiété, manque de confiance en eux, peurs, etc.)
o toutes les expériences que le chiot fait dans les 12 premières semaines de sa vie auront une incidence sur
sa vie d adulte (tempérament équilibré ou peureux)
o à noter qu une portée d hiver est différente d une portée d été : en hiver les chiots sont protégés du froid
et de l extérieur, alors qu en été, on les sort plus souvent, ils sont en contact avec la nature, l environnement est plus riche, donc plus stimulant.
8 D après J. Ortega, « Le phénomène de l imprégnation et les conséquences de l isolement social »
Si vous devez choisir votre chiot parmi une portée, prêtez attention à la confusion suivante : ce n est pas parce qu un chiot a l air d avoir du caractère (un comportement exploratoire plus important que celui de ses frères et soeurs) qu il aura nécessairement un tempérament plus dominant qu un autre. Au contraire ! Comme il cherche à découvrir son environnement, il prend plus de risques, et il peut se retrouver confronté
à une très grande peur, qui pourrait changer totalement son caractère. D où l absurdité de l utilisation
des tests de Campbell9 à des fins sélectives du « meilleur » chiot.
La socialisation
D après le Grand Dictionnaire de la Psychologie, lorsqu il s agit d humains, la socialisation est un « processus d adaptation d un enfant au milieu socio-culturel dans lequel il est élevé. »
Le sujet va apprendre les normes de la société dans laquelle il vit pour pouvoir y trouver sa place et y exercer une activité.
Cette définition précise que le sujet est considéré comme un être passif que son milieu doit modeler pour
l adapter à son environnement.
Si nous adaptons ces notions à nos chiens, on aura compris qu il s agit de les préparer à la vie en société,
en cohabitation avec leurs congénères, les humains, les autres animaux, la ville, bref, tout ce qui fera
leur milieu futur.
Au commencement de la vie, lorsque la fratrie est encore complète avant d être fractionnée dans plusieurs familles, ses interactions sont formatrices des normes en vigueur dans l espèce : comportements alimentaires et exploratoires, jeux, conflits, simulacres de combat ou de prédation sont autant de moments forts dans
l apprentissage. C est pour cette raison qu il est vivement déconseillé de séparer les chiots de leur fratrie avant l âge de 7 à 8 semaines, car c est durant ce laps de temps qu ils s imprègnent des règles de vie de
l espèce. Si les petits sont séparés trop tôt, ils n ont pas le temps d acquérir les autocontrôles canins qui
leur serviront de base plus tard. Cette phase est appelée « intra spécifique », car il s agit pour l individu
d apprendre les codes de son espèce.
Les humains interviennent dans la phase dite « inter spécifique »10, celle qui permet au chien de faire connaissance avec les autres espèces : les hommes eux-mêmes, (par les manipulations, les contacts affectifs, et même la seule présence lorsqu aucune interaction n est provoquée), les autres animaux (chats, chevaux, chèvres, moutons, volailles, et autres…). et avec les objets de la vie courante (voitures, cyclistes, piétons, tondeuses à gazon, jouets d enfants etc.).
Comme l écrivait le Docteur Bernadette Quéinnec en 1981, « L éleveur devra donc rester un certain temps avec les chiots, se laisser flairer, lécher par eux, les manipuler et leur parler.
Les chiots très manipulés petits seraient plus forts tant psychiquement que physiquement que leurs congénères non manipulés. […] Des chiots soumis depuis leur naissance à des
9 Les tests de Campbell sont généralement effectués au 43ème jour des petits. Mais leur interprétation est fréquemment erronée car il est impossible de certifier que ce que l on observe à une période est le reflet
de ce qui sera dans le futur.
10 Voir le chapitre consacré à l imprégnation
stimulations répétées ont été plus tard mieux armés que des chiots n ayant pas subi ces stimulations. »
Plus le temps passe, plus la capacité des chiots à acquérir de nouvelles connaissances sans peur excessive diminue (sans pour autant atteindre le point zéro).
Par exemple, si vous achetez un chiot élevé en cage jusqu à l âge de 5 mois et que vous l emmenez vivre
en ville avec vos trois jeunes enfants, il y a de grandes chances pour qu il soit terrorisé par tout ce qu il doit découvrir s il n y a pas été préparé : l agitation citadine, les enfants qui crient, les véhiculent bruyants,
les chats qui vivent aussi chez vous ou qu il va croiser dans la rue, la télévision qui hurle et la machine à laver qui tourne.
Le danger de l hyper stimulation
On comprend l importance du rôle de l éleveur, mais attention aussi à ne pas stimuler à l excès les petits.
De la même manière que les jours d école ne durent pas 12 heures pour nos enfants, on ne peut pas exciter des chiots à l infini sans risquer de les pousser au delà de leur seuil de tolérance. Il est indispensable de leur laisser un temps de repos. Un minimum de prudence et de réflexion s impose donc, et les éleveurs sérieux
ne s y trompent pas.
Si la socialisation n a pas été effectuée, comment s y prendre ?
Vous constatez que votre chien ou votre chiot, dès son arrivée dans votre foyer, développe des peurs dans certaines situations ? Prudence, prenez garde à ne pas adopter d attitude excessive : ne sortez pas votre chiot à une fête foraine en plein « rush » car vous risquez de lui occasionner un traumatisme irréversible.
Ne le confinez pas non plus à la maison en espérant que cela passera avec l âge, car c est faux : comment pourrait-il apprendre quoi que ce soit sur l extérieur sans sortir de chez lui ?
Avec un peu d expérience de la psychologie canine, du doigté et beaucoup de patience, un propriétaire peut aider son compagnon à découvrir sans stress de nouvelles situations, mais le risque de causer plus de mal
que de bien est réel. Je ne peux que conseiller l intervention d un comportementaliste pour mener
une thérapie comportementale et pallier aux manques de stimulations tout en respectant les émotions
de l animal,
pour ne pas le brusquer, le braquer ou pire, le traumatiser.
A ne surtout pas faire
- forcer le chien à affronter les situations qui l inquiètent de manière brutale et non réfléchie
- ignorer les signes de stress qu il donne (position corporelle de peur, regard fuyant, queue ramenée
sur le ventre, tête baissée ou rentrée dans les épaules, refus d avancer, grande agitation, perte de poils, formation de pellicules sur la peau au moment des sorties, etc…)

Sources : Laurence Bruder Sergent Comportementaliste,
Formatrice de Comportementalistes Directrice d Operrha Grand Est
Auteur des livres "la cause des chiens", "j éduque mon chien moi-même", et "mon chien, c est quelqu un
de bien" sites :
www.comportement-canin.com www.formationcomportementaliste.com www.boutiqueducomportementaliste.com
et toute l actualité au jour le jour sur... http://comportement-canin.over-blog.com/

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Comportement des chiots
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